L’étude de sol

bruno, John

Obligatoire depuis 2020, l’étude de sol doit être fournie par le vendeur d’un terrain. Elle identifie les propriétés du sous-sol ainsi que les risques et préconise des dispositions techniques pour les fondations.

Un sol est souvent composé de multiples couches

En visitant le terrassement d’une autre maison dans le même lotissement, nous avons littéralement pu observer la composition du sol.

Si il n’y en avait qu’une à faire, ce serait celle-là

Les sinistres les plus nombreux et les plus coûteux concernent des fondations non adaptées au terrain. L’Agence Qualité Construction estime qu’ils représentent 1/3 des coûts de réparations versés par les assurances. Et encore, quand c’est réparable. Les démolitions totales ne sont pas rares.

Jusqu’en 2020, un constructeur pouvait spécifier ce qu’il voulait. Et la tentation était grande de proposer des fondations a minima afin de baisser le montant du devis au maximum. La plupart des clients ne savent pas et font confiance. Et le sinistre intervient plusieurs années plus tard. La plupart du temps, le constructeur n’existe plus. De toute façon, il est très difficile d’établir les responsabilités. C’est bataille d’experts et d’assurances.

Depuis 2020, ce flou juridique est enfin clarifié. Il était temps. L’étude du sol est désormais obligatoire.
Elle doit être fournie par le vendeur du terrain à son acheteur. Cela permet à l’acheteur de savoir ce qu’il achète et évite les mauvaises surprises. Mais faire une étude de sol avant même de savoir ce que l’on va construire, où et quoi, n’est pas du tout judicieux. En effet, avec une étude de sol bien menée, l’emplacement des points de mesure sont déterminés en fonction de la future construction.

Pour la maison BILP, le lotisseur nous a effectivement fourni une étude de sol, très succincte. Mais les préconisations de fondation nous semble suspectes, en tous cas très imprécise. Pour cette raison, nous avons préféré refaire une étude de sol plus contextualisée.

Et si vous êtes déjà propriétaire du terrain ?

Dans ce cas, vous n’avez pas l’obligation de faire réaliser l’étude de sol. On ne vous la réclamera pas pour votre PERMIS DE CONSTRUIRE. Et si vous passez par un constructeur professionnel, il serait étonnant qu’il vous la demande, et il n’y a toujours aucune contrainte de son côté. Le plus judicieux aurait été que le législateur impose l’ajout d’un rapport d’étude de sol à la demande de permis de construire afin de réellement imposer cette étude en préalable de toute construction. C’est un petit surcoût qui peut éviter un drame à terme ; bien plus efficace qu’une assurance DO.

Combien coûte une étude de sol ?

Pour une maison individuelle, il vous faudra débourser entre 1200 et 2500 €TTC, pour une prestation équivalente. Pour la maison BILP, nous avons obtenu cinq devis pour 1260, 1344, 1440, 1560 et 2400 € TTC. Nous avons choisi le moins cher mais cela n’était peut être pas le meilleur choix ? lisez nos conclusions un peu plus loin.

Comment se passe une étude de sol ?

Une étude se passe en deux temps : une prise de mesure sur le terrain suivi d’une étude et livraison d’un rapport dans un second temps.

Le jour J, les techniciens se rendent sur le terrain avec une petite foreuse à chenille. Deux types de mesure sont effectuées :

  • Un prélèvement par carottage sur une profondeur de plusieurs mètres, visant à identifier la nature des différentes couches du sous-sol.
  • Des essais au pénétromètre en deux ou trois points correspondant à l’emplacement de la future construction.

La prise de mesure dure d’une à deux heures.


Que contient le rapport d’étude de sol ?

Un rapport fait en général une cinquantaine de pages mais il y a beaucoup de bla-bla. Les points importants sont :

  • les données sur le sol, assorties d’une identifications des risques hydrogéologiques,
  • les préconisations de fondations et de terrassement
  • une ébauche dimensionnelle des fondations préconisées, avec les sujétions d’exécution.
  • les résultats des mesure
Synthèse des données géotechniques

Ce tableau résume la nature des différentes couches , leur profondeur, et leur compacité. A partir de 2m70, c’est déjà très dur.

Solution 1 : fondation sur semelle filante
Solution 2 : fondations sur pieux : les données essentielles


Solution 2 : fondations sur pieux
Solution 2 : fondations sur pieux : sujétions d’exécution


Profil du forage

Nature du sol et profondeur de chaque couche

Pénétrogramme

Que nous révèle ce sondage ? Jusqu’à 80cm, c’est mou mais la résistance du sol croit très vite. Jusqu’à 3m20, la résistance semble stagner. Mais ensuite, cela repart à la hausse rapidement. A partir de 3m50, on est dans le "dur". Et à 4m, le pénétromètre ne peut aller plus profondément.

Comment utiliser les résultats de l’étude de sol ?

Une étude de sol doit spécifier les fondations préconisées : dimensions, profondeur, matériaux, etc.

Intéressons-nous à l’illustration précédente "Solution 2 : fondations sur pieux : les données essentielles".

  • qu désigne la contrainte ultime, cette valeur est la limite à ne pas dépasser au risque de rupture. Au cas où la contrainte transmise au sol est supérieure à cette valeur, il est judicieux de concevoir un autre type de fondation.
  • qELU désigne la contrainte de rupture à l’Etat Limite Ultime (situation accidentelle et transitoire). Au-delà de cette valeur, la fondation ne peut pas remplir sa fonction. qELU est nécessaire pour le calcul et le dimensionnement des aciers de renforcements des fondations pour palier aux fissures ou même aux ruptures dûes au cisaillement et/ou au poinçonnement.
  • qELS désigne la contrainte de rupture à l’Etat Limite de Service (situation normale et fréquente). La valeur de qELS sert à dimensionner les fondations pour éviter le tassement du sol d’assise sous l’effet du poids du bâtiment. Ces données vont nous servir dans le choix, la conception et le dimensionnement des fondations.

Pour le résultat préconisé par les études du sol, nous allons montrer comment calculer le diamètre de 60 cm de pieux pour un bâtiment de 11.2 T avec une contrainte à l’ELS de 0.40 Mpa.

Pour calculer la surface d’un pieux nous avons le formule suivant :

S = \frac{P_{Batiment}}{q_{ELS}}


Or nous avons :

S ={\pi}R^2


D’où

R =\sqrt\frac{P_{Batiment}}{{\pi}.{q_{ELS}}

On a :

  • qELS = 0.40 Mpa soit 40 000 daN/m² ou Kg/ m²
  • Pbâtiment = 11.2 T soit 11 200 Kg
  • R = √(11 200 / (40 000 x 3,14)) = 0.299 m

Donc le diamètre des pieux est égal à 2 x 0.299 m soit 60 cm si on arrondit.

Notre retour d’expérience

Nous avons choisi le moins cher des prestataires. Mais nous sommes déçu de la prestation. Si la prise des mesures sur terrain s’est déroulé correctement, selon les délais annoncés, la qualité du rapport nous a laissé perplexe. Toutes les infos prévues au contrat y figuraient mais les préconisations de fondations étaient

  • Inadaptées : le rapport préconisait des semelles filantes à 2m50 de profondeur assorti d’une étanchéification (béton) autour de la maison jusqu’à une distance de 5m. Non seulement, ces dispositions sont très onéreuses , consommatrices d’espace et d’énergie, mais surtout elles étaient infaisables dans le contexte puisque une des façades est située à 3m de la limite séparative, impossible d’aller au delà ; et enterrée d’un bon mètre. Totalement hors-sujet.
  • incomplètes : seule la solution sur semelle filante a été proposée alors que les fondations sur pieux sont tout à fait pertinentes dans ce contexte. Les autres rapports d’étude des lots adjacents préconisaient bien les deux solutions.

Nous avons du insister pour obtenir une 2ème version du rapport incluant la solution sur pieux. Un client mal informé n’aurait pas fait de même et aurait été orienté vers une solution inadaptée.

Nous ne voulons pas tirer de conclusion hâtive de cette mauvaise expérience. Nous continuons de penser qu’il n’est pas indispensable de retenir le devis le plus cher. Mais il ne faut pas s’en tenir au conclusion du rapport. Il convient de se renseigner, de comparer avec d’autres études effectuées à proximité quand c’est possible.

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