Les premières idées De la fonction à l’architecture

bruno

Quand on imagine une construction, on doit partir des besoins fonctionnels et éviter la tentation d’adopter trop tôt un modèle architectural prédéfini. Pour cela, une réflexion sur ses besoins que l’on matérialise sous forme d’organigramme, servira de base à l’élaboration d’une architecture adaptée.

La naissance d’un projet est presque toujours la conséquence d’un besoin : se loger soi-même évidemment, investissement en locatif, résidence secondaire, ...

Une habitation répond à des besoins primaires et vitaux :

  • SE PROTEGER : des intempéries, des intrus, des indiscrets,
  • DORMIR
  • SE NOURRIR
  • S’ENTRETENIR
  • ELIMINER (uriner, déféquer),
    Moins vital mais tout aussi important :
  • SE DIVERTIR,
  • TRAVAILLER (avec le développement du télétravail et des travailleurs indépendants).

Selon les époques, ses besoins n’ont pas toujours été couverts par l’habitation. Par exemple, au début du 20ième siècle en France, pour une bonne partie de la population, on ELIMINE et on s’ENTRETIENT à l’extérieur de l’habitation. Encore aujourd’hui, dans de nombreux pays, on se NOURRIT, on s’ENTRETIENT et on ELIMINE à l’extérieur.

Pour un local professionnel, les besoins sont très différents et plus variés :

  • STOCKER,
  • ACCEUILLIR,
  • COMMUNIQUER,
  • CONSTRUIRE,
  • TRAVAILLER,
  • ARCHIVER,
  • etc.
  • avec certains points communs avec les habitations puisque les collaborateurs ont des besoins vitaux : SE NOURRIR, ELIMINER.

En ce qui concerne la maison BILP, il s’agissait de construire le futur local professionnel de la société BILP (l’éditeur de ce guide). Les besoins sont :

  • une surface entre 150 et 200m²,
  • des volumes polyvalents pouvant servir de bureaux, d’atelier, ou d’espace de stockage, avec la possibilité de faire évoluer ces volumes vers l’une ou l’autre fonction,
  • en extérieur : un parking pouvant accueillir des collaborateurs, et une surface dégagée et accessible à des petits véhicules de livraison.

A cela, nous avons ajouté des contraintes supplémentaires :

  • avoir la possibilité de faire évoluer la construction en habitation individuelle, ou en local pour profession libérale.
  • réaliser une structure simple, voir simpliste, afin de diminuer les coûts de construction.

A la lecture de ces besoins, on comprends que la POLYVALENCE est la cible principale. Au tout départ, nous imaginions donc une boite allongée à l’intérieure de laquelle il nous suffirait de déplacer les parois en fonction du besoin. Une boite qui pourrait facilement évoluer en habitation si BILP venait à déménager.



Dans la réalité, les choses ne sont pas aussi simples. Autant il est facile d’ajouter, de déplacer ou de supprimer des cloisons. Autant il est difficile, voir impossible, de déplacer une canalisation d’évacuation des eaux usées. Certains éléments sont donc immuables, et il faut prévoir leur emplacement de façon intelligente, nous y reviendrons.

Les fonctions et la disposition intérieure

Dans un premier temps, nous nous sommes focalisé sur nos besoins en tant que local professionnel que nous avons listés :

  • (environ) 50m² de bureaux open space,
  • un bureau séparé "au calme",
  • un grand espace d’atelier logistique et de stockage,
  • une petite cuisine pour les collaborateurs,
  • des sanitaires évidemment.

Un exercice utile consiste à schématiser tout cela sous forme d’organigramme. Pour cela, un crayon et une feuille blanche sont les outils de base. On met les zones, ou les fonctions dans des bulles. Et on rejoint ces bulles par des liens spatiaux ou fonctionnels.



Puis, nous avons refait le même exercice dans l’éventualité d’une transformation en habitation comme le montre le schéma ci-contre.



Enfin nous avons effectué un rapprochement mental entre ces deux organigrammes. Quels sont leurs points communs ? quels sont les "immuables" ?

A partir de là, on commence à avoir une idée un peu plus précise de la disposition intérieure. Mais il reste encore beaucoup chemin jusqu’au plan de masse définitif.

Prendre en compte les contraintes techniques

Dans chaque projet, il peut exister des aspects techniques qui peuvent impacter directement l’architecture. Le plus commun est le terrain lui-même, nous y reviendrons. Mais dans notre cas, nous avions fait le choix du mode constructif OSSATURE-BOIS. Et comme nous souhaitions un grand volume ouvert, il était hors de question d’avoir à ajouter des murs porteurs ou des poteaux intérieurs. Il fallait donc pouvoir franchir une portée importante. C’est-à-dire que la charpente de la toiture devait pouvoir couvrir un certaine distance sans éléments porteurs intermédiaires. Nous avons donc étudier plusieurs solutions "raisonnables" pour cette charpente et une portée située entre 8 et 10m nous est apparu comme le meilleur compromis. Cette portée représente donc la largeur du bâtiment. En dessous de 8m, le bâtiment aurait été trop longiligne ; impactant négativement son esthétique et son aménageabilité. Au dessus de 10m, les solutions techniques à mettre en œuvre devenaient trop coûteuses, avec des poutres en lamellé-collé dignes d’un gymnase.

en première approche, nous avons retenu "9m". Donc pour une surface de 200m², nous sommes sur une longueur de bâtiment de 22m. Il s’agit d’une première esquisse à la louche. Car un autre paramètre majeur va impacter lourdement l’architecture générale : le terrain.

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